26.12.08

Noël, pas en France



Malgré des températures avoisinnant les 30 degrés, malgré les palmiers, malgré l’éloignement de la famille, Noël est arrivé. Avec son cortège de sapins (en plastique), de pères Noël (emmitoufflés) et de foie gras (merci maman). Noël est un business ici aussi, les décorations et promotions fleurissent dans les magasins depuis deux bons mois. Mais l’esprit de la fête est bien présent. Les familles réveillonnent dans le jardin, installent sur le trottoir des bougies dans des sacs en papier. Pour Stef et moi, c’était Christmas brunch : œufs et bacon, pancakes à la crème de marrons et fruits « de saison », mangues, ananas et papaye.


Quant à la messe de minuit, elle reste une tradition pour les anglicans et catholiques. Une bonne samaritaine Néo-zélandaise m’a permis de trouver le chemin de l’église principale de Glenelg. Ce grand bâtiment blanc et rose a fait le plein, même à cette heure avancée. Une chorale emmenée par un pianiste farceur a entonné les « carols » aux airs familiers.

Noël, ce n’est pas si différent ici, même si le cliché des australiennes en bikini sur la plage, parées des bonnets de circonstance, est tenace. Passez de bonnes fêtes.

20.12.08

Une semaine chez les hippies (23 novembre – 01 décembre 2008)

Quel est le moyen le plus sûr d’apprendre à connaître un pays ? Vivre et travailler à la campagne, chez des locaux ! C’est ce que proposent des organismes comme Help Exchange et WWOOF (Willing Workers On Organic Farms). Le principe est simple : en échange de 4 ou 5 heures de travail par jour, des propriétaires de ferme vous hébergent et vous nourrissent. N’importe quel jeune qui veut vivre cette expérience n’a qu’à s’inscrire en ligne pour accéder à la liste des hôtes et les contacter. La plupart des hôtes ont une ferme biologique et vivent selon des principes écologiques. Ceux qui ont eu plusieurs expériences de ce type vous le diront : les hôtes sont toujours de charmants personnages, et très souvent bons cuisiniers. Divers travaux peuvent être demandés : le plus régulièrement jardinage, bricolage, défrichage, garde d’enfants…

J’avais beaucoup entendu parler de ce principe d’échange avant d’arriver en Australie, j’ai donc décidé de franchir le pas et de tenter ma première expérience « d’helper ». Mon choix s’est porté sur une petite famille vivant sur les collines d’Adélaide, parce que Nanie (du road trip) y était et semblait ravie. Ben et Lena vivent sur ce terrain de 6 hectares depuis 7 ans. Leur propriété pentue, une forêt d’eucalyptus, est traversée par une rivière permanente, en contre-bas. L’endroit est très paisible, peuplé de kangourous, koalas et chouettes duveteuses.

Ben et Lena ne sont pas simplement « écolos ». Ils vivent l’écologie, c’est leur mode de vie. Ils ont construit une confortable hutte en torchis, leur électricité est exclusivement solaire, leur eau vient du ciel ou de la rivière. Ils ne jettent que ce qui peut être recyclé, n’utilisent quasiment pas d’emballages, compostent. Leurs toilettes sont sèches : on monte sur une petite plateforme, entourée depuis le sol de ballots de paille, des copeaux de bois servent de chasse d’eau. Lena et Ben sont végétariens, aiment manger, et les plats de Lena sont savoureux (tartes, gratins, fromage et miel maison, pains spéciaux, gâteaux et pleins de trucs dont j’ignorai l’existence). Ils pratiquent le yoga. Ben travaille à domicile comme agent d’immigration, mais doit se rendre en ville régulièrement. Le seul vice du couple est une vieille 4x4 Subaru. Avoir une voiture reste indispensable à la campagne.


Ben et Lena ont un fils de deux ans, Elwyn, très éveillé pour son âge, adorable bien qu’envahissant. Il commence à parler et à comprendre ce qu’on lui dit, c’est donc un vrai challenge pour Nanie et moi de parler assez bien anglais pour être compris de lui. On y arrive finalement… il réclame qu’on lui lise des histoires, qu’on lui chante des comptines. Je lui ai appris une nouvelle phrase fort utile : « Bye-bye little dog, have a good day !».

Nos tâches de la semaine sont variées : défrichage pour éviter la propagation d’un éventuel feu de broussailles, creusée d’une tranchée ou passera l’eau de la rivière, terrassage du site d’une maison à venir (avec une chambre en plus), extraction du miel des ruches, cuisine, vaisselle, emmener le petit promener. Bref, nous rendons service plus que nous comptons nos heures. Nous dormons dans une caravane.


Nous occupons notre temps libre à lire, à aller se baigner à la rivière, à chercher les koalas dans les arbres. Ils sont faciles à reperer quand ils poussent leur cri rauque, proche du hi-han d’un âne (véridique).

Samedi soir, Ben et Lena invitent leurs amis des environs, tous des couples trentenaires avec un ou deux enfants en bas âge. Dans la hutte, ça fait beaucoup de hippies au mètre carré. Entre deux bouchées de gâteau à la carotte, ils discutent de leur projet de créer une communauté, où ils vivraient en harmonie avec la nature, se donneraient des coups de main, partageraient les fruits de leur verger, verraient leurs enfants grandir ensemble… Le frère de Ben est enthousiaste, d’autres notent que la plupart des communautés de ce type ont échoué au bout de deux ou trois ans.

Même sans se rassembler en communautés, il est certainement possible de reproduire à plus grande échelle ce que Lena et Ben ont fait sur leurs quelques hectares. Le retour à la vie simple, voilà leur idée révolutionnaire. J’espère renouveller l'expérience Helpx pour voir comment d'autres s'en sortent. Je suis en tout cas ravi du principe de cet échange, sans argent impliqué, ça me plaît beaucoup. Et il n'y a même pas besoin de venir jusqu'en Australie pour en profiter : Help Exchange existe en France et en Europe !

6.12.08

J'ai vu le film Australia

Critique publiée sur mon blog cinéma 7ème mirage.

Film américain, australien réalisé par Baz Luhrmann, avec Nicole Kidman, Hugh Jackman, Brandon Walters… 2h35. Sortie française le 24 Décembre 2008.

Sarah Ashley est une aristocrate britannique peu enthousiaste à l’idée de rejoindre son mari en colonie australienne. Alors que la Seconde Guerre mondiale est sur le point d’éclater en Europe, elle fait le voyage jusqu’à Darwin, dans le Territoire du Nord, pour trouver son conjoint mort. Elle s’improvise « Miss Boss » de l’exploitation bétaillère familiale. Pour éviter la faillite du ranch, elle doit mener 2000 têtes de bétail jusqu'à Darwin, la capitale du Nord australien. Elle ne peut accomplir cette tâche périlleuse sans l'aide d'un cow boy du cru et de ses accolytes aborigènes.

Australia est certes étiqueté film épique à gros budget, avec stars à l'affiche et enjeux touristiques à la clé. Mais avec Baz Luhrmann aux commandes (Moulin Rouge), on pouvait s'attendre à ce brin de folie et de créativité qui peut faire décoller les blockbusters, à la manière du Harry Potter d'Alfonso Cuaron ou du Batman de Tim Burton. Dans la première partie du film, la patte de Baz est bien là, qui enchaîne les plans et les péripéties avec rythme et fantaisie. Les coquins Kidman et Jackman ont l'air d'aimer ça et jouent à fond la carte du second degré, poussant leurs personnages d'aristocrate farouche et de bushman bourru aux limites de la caricature. La scène de douche sauvage d'Hugh Jackman est un grand moment d'auto-dérision.

Hélas, ce ton léger ne prédomine pas dans la suite du film, encombrée de passages obligés lassants. Même avec une durée de 2h35, Australia peine à être satisfaisant sur tous les plans. La portée historique de l'évocation des "générations volées" (ces enfants aborigènes enlevés à leurs familles pour recevoir une éducation "civilisée"), est étouffée par les explosions des bombardements japonais sur Darwin. L'histoire récente de l'Australie est suffisamment riche et méconnue : situer l'action en temps de guerre n'était surement pas nécessaire. Un film divertissant, à défaut d'être vraiment intéressant.

2.12.08

French Festival d'Adélaide (15-16 Novembre 2008)

Article initialement publié dans Le courrier australien, revue des francophones d'Australie, numéro de Janvier 2009.


Un festival provençal... austral !

La ville d’Adélaide, en Australie Méridionale, accueillait à la mi novembre son festival français. Environ 8 000 Australiens francophiles se sont rassemblés autour de « la Provence », thème mis à l’honneur cette année.



Franc soleil, ciel bleu vif et vent persistant : le printemps australien avait tout d’un été provençal. Il faut dire que l’Australie du Sud a un climat méditerranéen largement comparable à celui de la Riviera française. C’est la région la plus aride d’Australie, où poussent vignes, oliviers et lavande. Du fait de cette proximité naturelle, l’Alliance française d’Adélaïde a choisi de faire découvrir la Provence aux australiens. « 85 % des visiteurs sont des australiens francophiles et les 15 % restants sont des francophones, qui viennent spécialement pour l’occasion », observe Rebecca, au stand de l’Alliance. « Les visiteurs sont ravis !».


Dans les allées du parc surplombant la ville, qui accueille la manifestation, l’ambiance est résolument franco-australienne. Certains se concentrent autour du terrain de pétanque, sport finalement pas si éloigné du « bowling » australien. Des artistes provençaux ont fait le déplacement, notamment la troupe Niçoise de « la Divine Quincaillerie », qui promène ses marionnettes humaines au milieu des badauds. Sur scène, les Arlésiens de « Gérard et les stars trio » enchantent le public, qu’il se préoccupe de comprendre les paroles… ou juste de danser en rythme. On déguste deux rosés, « un d’ici-bas et un d’en haut ! ». Il n’est évidemment pas question de choisir lequel est le meilleur.


Beaucoup de visiteurs sont venus assister aux démonstrations de cuisine, données par des chefs tricolores. Jean Montagnard, professeur à l’école hôtelière de Nice et spécialiste de la cuisine végétarienne, est l’invité du festival. Alors qu’il fait découvrir la soupe aux pistous aux palais australiens, le chef Nîmois Jean-François Gavanon distille des anecdotes gastronomiques et explique les traditions culinaires provençales. Installé à Adélaïde depuis douze ans, il ne perds pas son accent français quand il parle anglais… ni son accent du sud quand il parle français ! Entre deux plats, il nous explique que « les Australiens connaissent peu la vraie cuisine française, spécialement celle du sud, mais ils sont de très bons juges ». Les artichauts à la Barigoule sont vite engloutis.


Cette chaleureuse ambiance suscite des idées de voyage. Les stands touristiques remportent un beau succès. Les étudiants australiens se renseignent sur les possibilités d’échanges dans des familles françaises. « il y a de plus en plus d’échanges dans le sud de la France, à Aix par exemple, alors que les demandes se concentraient essentiellement sur Paris auparavant », explique Vinciane, qui travaille pour un organisme spécialisé. La Provence peut donc s’attendre à un défilé de visiteurs sud australiens l’été prochain. Le taux de change entre l’euro et le dollar australien est pourtant plus profitable aux Provençaux qui voudraient découvrir leur région sœur australienne.

19.11.08

Deep Creek Conservation Park (9–14 novembre 2008)


Dimanche. A 17h30, mon car arrive à Cape Jervis, à la pointe de la péninsule de Fleurieu, après deux heures de trajet. Je ne vais pas vers Kangaroo Island, comme le font la totalité des touristes du bus. Je vais marcher dans le Deep Creek Conservation Park, un morceau de nature préservée, sur la côte, pas très loin de Victor Harbour. Je suis curieux de voir ce que ça va donner, Bibi seul pendant cinq jours dans le bush australien…
Ce challenge promet d’être intéressant et ressourçant, c’est ce que j’espère en m’engageant sur la « Heysen Trail », qui débute ici. Cette piste est une sorte de GR très réputé, qui longe la péninsule avant de s’enfoncer dans les terres, jusqu’aux Flinders Ranges. Il faut environ soixante jours pour parcourir ses 1200 kilomètres. Certains la font en entier, la plupart, comme moi, y marchent pour un ou quelques jours, bien contents de suivre les panonceaux rouges réguliers qui évitent de se perdre. Le chemin borde la côte, les herbes folles dorées s’étalent jusqu’à la mer bleu sombre, qui blanchit en s’écrasant sur des rochers noirs.
J’ai jusqu’au coucher du soleil pour m’avancer autant que possible vers Deep Creek, mais je sais que je n’attendrai pas le premier camping du parc, situé à 12 km de Cape Jervis. Les collines blondissent à mesure que le soleil descend. Les kangourous sont les sentinelles de ces lieux. J’en surprend plusieurs, qui détalent à force de bonds souples et puissants. Après avoir traversé un marécage tapissé de lys blancs, où croassent des grenouilles invisibles, je plante ma tente à flanc de colline, un peu au dessus de la mer. Deux phares brillent sur Kangaroo Island, qu’on peut apercevoir au loin. Je me couche à 21h, un peu après le soleil.


Lundi. Lever à 6h30. Après un ou deux kilomètres, je franchis le panneau indiquant l’entrée du parc. Comme Stef et Emilie me l’avaient expliqué, il y a là une plage paradisiaque, Blowhole Beach. C’est une crique de sable blanc, à l’eau turquoise, encadrée de rochers perforés par l’érosion. Pas un chat. Je vais piquer une tête. Comme lundi matin, j’ai connu pire. Il n’est que 8h, le soleil est déjà haut, l’air est chaud, l’eau est fraîche.
Je reprends ma route, avec pour projet de suivre la Heysen Trail le long de la côte. Au tournant du chemin, je vois un serpent brun déguerpir dans le bas côté, alors que j’étais à 1m50 de lui. Cette vision me refroidit un peu. Certes, il a fuit en me sentant arriver, les serpents ont peur de toute vibration et n’attaquent que s’ils se croient menacés… Les risques de morsure sont très minces. Mais voilà, je suis seul, et il n’y a évidemment pas de réseau portable. Je fais demi-tour, en décidant d’éviter de marcher dans les herbes hautes.
Des kangourous, encore et toujours... Voilà un cliché sur l'Australie qui, décidement, se vérifie.
Dans le milieu de l’après-midi, je rejoins le Eagle Waterhole Shelter, un abris mis à disposition des marcheurs. Il y a là six matelas de planches, une table, et surtout un gros réservoir à eau de pluie. Cette eau est bien sûr bonne à boire, même meilleure que l’eau du robinet. Les environs de la hutte sont plaisants, très tranquilles.
La colline d’herbe rase qui domine l’abris est garnie de yaccas, sortes de palmiers nains, emblématiques de Deep Creek. Je monte sur la colline admirer le coucher de soleil, faisant fuir des kangourous par dizaines. En prenant le dîner (pain, saucisson, beurre de cacahuète), je reçois un visiteur du soir, un imposant kangourou qui n’a pas l’air de trop se soucier de moi. Vidéo !


Mardi. Laissant mon lourd sac à la hutte, je pars explorer la Aaron Creek Hike, qui va jusqu’à l’océan. 5,5km aller-retour, c’est loin d’être énorme. Seulement une « hike » ce n’est pas comme une « trail », c’est plus sportif. Je dois me frayer un chemin dans une forêt vierge dense. Je zigzague entre les yaccas, les eucalyptus, franchissant souvent le ruisseau d’eau claire qui coule au fond de la crique, profitant aux fougères et aux lys.
Après un peu de grimpette, j’accède à une crique de galets, bordée de mille-feuilles de pierre, sur lesquels de grosses vagues viennent puissamment se briser. Je m’essaie à une baignade dans une sorte de jacuzzi naturel, puis passe l’après-midi à bouquiner en cherchant l’ombre. Deux dauphins passent devant l’entrée de la baie. Un bateau chargé de touristes passe dans un sens, puis dans l’autre.
Vers 17h, je prend le chemin du retour. Au sommet de la colline pierreuse que je dois monter pour repartir, je me rend compte que mon portable capte. Je reçois un sms de la bibliothèque, m’informant que le guide de la Heysen Trail est maintenant disponible ! De retour au camp, j’observe le ballet des kangourous qui vont boire dans une mare, quand j’entends un grand « CRAAACK… PLOF ». Un eucalyptus vient de tomber, menaçant d’écraser un kangourou, qui a sauté à temps pour l’éviter.

Mercredi. Le temps se couvre. Je me lève tôt pour rejoindre un camping distant de 5km. Le chemin pour y accéder est pénible, il me faut monter et redescendre deux criques(« Deep Creek », c’est pas pour rien), avec mon sac imposant qui se prend dans les branches . Je rencontre un marcheur de la Heysen Trail, qui en est à son avant-dernier jour de marche (sur 54). Il me parle de la nuit qu’il va passer à l’hôtel de Cape Jervis, du petit déjeuner qu’il va prendre, de la nice beer qu’il va boire en arrivant… et d’autres trucs que je n’ai pas compris car il avait un accent horrible, étant originaire de Darwin, au nord de l’Australie. Après avoir planté ma tente, je fais deux marches, une vers une cascade assez proche, et une dans la fameuse crique profonde qui a donné son nom au parc. La nuit est très venteuse : je me lève pour replanter les sardines de la tente, et m’aperçois que je suis entouré de kangourous, qui broutent paisiblement.

Jeudi. C’est le jour où je dois revenir sur mes pas, pour m’approcher de Cape Jervis. Je dois en effet prendre le bus vers Adelaïde vendredi matin, ayant un examen l’après-midi. Je prend des chemins différents pour revenir, vers les terres, pour éviter de refaire un tour de montagnes russes.
Je passe la plus chaude partie de l’après-midi à Blowhole beach (on ne s’en lasse pas), puis reprend la Heysen Trail vers Cape Jervis. Vers 18h, je vois un aileron, puis deux, puis cinq, fendre la mer.
Des dauphins nagent en formation serrée, en suivant la côte. Je suis tout joyeux, je cours le long de la plage rocailleuse, sautant de rocher en rocher, toujours avec mon sac sur le dos, en essayant de prendre une photo convenable. Les dauphins vont vite, mon appareil a un petit zoom, pas évident.
J’approche de Cape Jervis et trouve un endroit ou poser ma tente. Je réalise que je suis suivi par beaucoup de mouches aujourd’hui. Elles étaient là tous les autres jours, mais aujourd’hui c’est carrément un essaim de mouches. Oui oui, chaque point sur la photo ci-dessous, c'est une mouche de mon escorte personelle. « Il y a des mouches sur mon sac ».


Vendredi. Je prends le bus à 9h30, et cette fois le chauffeur n‘oublie pas de me faire payer. Je révise l’examen « d’anglais professionnel » que je dois passer cet après-midi. C’est aussi l’heure des conclusions sur ces quelques jours passés seul into the wild. Je n’ai bien sûr pas été déçu par la beauté des paysages, et de la flore et la faune locales. Je ne me suis jamais ennuyé. Mais j’aurais eu l’esprit plus tranquille en marchant avec quelqu’un, et cela m’a manqué de ne pas pouvoir partager ces moments (même si je le fais rétrospectivement en écrivant cet article). J’ai pensé à ceux, en France où ailleurs, que j’aurais aimé faire apparaître d’un coup de baguette magique. La prochaine fois que je tente ce genre d’aventure, je m’y prendrai plus tôt pour embarquer quelqu’un avec moi. Ceci dit, le faire seul était aussi intéressant, c’était une expérience différente.
Pour la petite histoire, mon examen s’est bien passé !

8.11.08

Départ vers Deep Creek (dimanche 9 novembre)


Ce rapide message pour vous informer de mon départ vers Deep Creek, un parc naturel situé sur la côte de la péninsule de Fleurieu, pas très loin de Victor Harbour. Je prends un bus ce dimanche après-midi vers Cape Jervis, puis c’est parti pour cinq jours de randonnée dans ce parc, le plus grand de la péninsule, apparemment magnifique. Il abrite de nombreux kangourous, oiseaux, et on peut croiser des otaries sur ses plages ! La végétation promet également d’être surprenante.

J’ai pris cette décision hier, un peu sur un coup de tête, n’ayant rien de très excitant à faire d’ici à vendredi prochain, où j’ai un examen mineur. Je vais m’essayer au régime alimentaire du «marcheur-qui-ne-peut-pas-faire-de-courses-et-qui-veut-porter-un-sac-léger» : j’embarque deux gros pains de mie, 500gr de beurre de cacahouète, des fruits secs, des lentilles, un peu de confiture, des sachets de thé, un paquet de nouilles chinoises, une boîte de vache qui rit (!), un saucisson, un peu de chocolat, et une pomme (ça c’est pour le frais). Ca va être funky, je vous raconterai tout ça !

27.10.08

Weekend à Victor Harbour (24-26 Octobre)

Il en avait été question depuis un moment… le voici, le voilà, le weekend à Victor Harbour, terre natale de mes colocataires Ryan et Nath. Située sur la côte de la péninsule de Fleurieu, à une bonne heure de route d’Adelaide, Victor Harbour compte 30 000 habitants. La ville a d’abord prospéré grâce à la pêche à la baleine, aujourd’hui interdite. L’endroit est maintenant touristique, un peu trop, et accueille à bras ouverts des australiens aspirant à une retraite paisible.


C’est donc ici que mes collocs ont leurs attaches. Ils connaissent le coin comme leur poche et ne manquent pas de m’emmener vadrouiller tout au long du weekend. Je suis hébergé chez les parents de Ryan. Sa mère tient une boutique de broderie en centre-ville. Son père travaille dans le bâtiment, et c’est un passionné de vélo. Il ne rate pas une miette du Tour de France, retransmis intégralement chaque « hiver » et suivi assidument par les australiens. Il m’explique : « A force de passer des dizaines d’heures à regarder le Tour, et cela chaque année, je connais assez bien la France. Les images étaient magnifiques cette année ». Nom d’une seringue, je n’aurai jamais cru que cette course faisait autant pour l’image de la France dans le monde !

Le hobby favori de Ryan et sa bande reste la mécanique. Ryan possède trois ou quatre voitures, quatorze motos, d’innombrables pièces détachées et outils, des hectolitres d’huile de moteur. Il ne rate jamais une occasion de parler mécanique, de s’exclamer devant des modèles rares dans la rue, de se rappeler que telle pièce, là bas dans le champ, appartient à telle voiture. Cet intérêt est partagé par beaucoup d’australiens. Ils adorent garder les vieilles voitures en vie et se donner des coups de main.


Au cours du weekend, nous rendons visite à tous les amis du duo Ryan-Nathan. On se déplace en bande, minimum trois voitures, contenant les deux compères, leurs girlfriends, les frères et sœurs, leurs copines-copains respectifs, et moi ;D. Samedi, c’est moto à la ferme, ballade en vélo, un peu de bricolage, mix de Hip Hop chez le copain de la sœur de Ryan, PlayStation chez Brady, un petit DVD, puis une house party dans une autre ferme, et une visite à la boîte du coin pour finir en beauté. Wicked !

Dimanche, bizarrement, j’ai comme une envie de nature et de sérénité. Je vais me balader sur Granite Island le matin. Cet îlot est réputé pour ses pingouins (oui oui), qu’on peut observer à la tombée de la nuit (raté pour moi). C’est ici que le capitaine Francis Crozier a débarqué en 1837 du navire nommé « HMS Victor », qui donnera son nom à la ville.


L’après-midi, nous avions prévu d’aller surfer, mais pas une vague ne vient blanchir l’horizon. Nous aurons tout de même trimballé les planches de surf sur le toit de la voiture tout le weekend, c’est ça l'esprit australien. On se baigne tout de même dans les eaux limpides de Horseshoe Bay, une jolie plage en forme de fer à cheval.


Nous montons ensuite au Bluff, une colline qui surplombe Victor et les falaises découpées toutes proches. Le vent est décapant, la vue est magnifique, le Pacifique étend son bleu profond à perte de vue. Après quelques sushis, nous rentrons à Adelaide, appréciant au passage le coucher de soleil sur la campagne.



Ainsi s’achève ce chouette weekend à l’australienne. Les semaines qui viennent seront celles des devoirs à rendre et des examens à préparer, mais les vacances approchent vite. Quelques escapades dans le bush devraient me permettre de patienter !

17.10.08

Fierté nationale

Je compte bien profiter de ce blog pour vous faire découvrir quelques aspects de la société australienne.

Une chose m’a frappé dès les premières semaines : le fort sentiment de fierté nationale, véhiculé notamment par les médias australiens. La période des jeux olympiques de Pékin a été une démonstration particulièrement marquante de ce patriotisme. A longueur de journée, à la télévision, les commentateurs étaient en boucle : « Our athletes make us proud to be Australians » (Nos athlètes nous rendent fiers d’êtres australiens)… D’accord, les australiens peuvent être fiers de leurs athlètes. Même s’ils mettent les moyens financiers pour briller dans le sport, il faut reconnaître que 46 médailles pour 20 millions d’habitants, c’est fort. Mais de là à ce que leurs athlètes les rendent fiers d’être australiens, ça me semble un peu exagéré. Est-ce qu’on a jamais entendu, en France : « Merci à nos athlètes qui nous rendent fiers d’être français ? ». Même sur TF1, ce serait déplacé. Bon, après, c’est vrai que comme nos athlètes ne gagnent pas grand-chose, le problème se pose moins ;)

Peut-être est-ce le propre des îles de développer une identité et une unité nationale fortes. Il faut également rappeler que l’Australie est une nation jeune, qui a besoin de définir ses valeurs. Le pays est en pleine phase de reconstruction sur des bases plus saines vis-à-vis des aborigènes. En février dernier, le nouveau premier ministre australien, Kevin Rudd, a solennellement demandé pardon aux aborigènes pour les torts qu’ils ont pu subir, particulièrement les Stolen generations, ces enfants enlevés à leurs familles pour recevoir une éducation "civilisée", entre 1869 et 1969. Kevin Rudd a fait campagne en martelant le thème de l’unité nationale (« construire notre futur ensemble », etc.).

Il semble donc que la fierté nationale décomplexée fasse recette, et les publicitaires l’ont bien compris. De nombreuses campagnes de pub font de ce patriotisme leur premier argument de vente. Ainsi Qantas, la principale compagnie aérienne australienne, a mis le paquet pour les JO, se targuant de permettre aux athlètes d’emporter à Pékin « l’esprit australien », avant de les ramener « à la maison ». Pour être un bon australien, il faut donc voyager avec Qantas, mais aussi manger le Mac Australian chez Mc Do, acheter son poulet chez Red Rooster, faire ses courses chez Coles (« proudly Australian since 1914 »), etc. Ici, flatter la fibre patriotique fait vendre.


Adelaide a eu droit à son morceau d’olympisme en recevant la « Happy homecoming olympic parade », un défilé de quelques-uns des athlètes victorieux. Je me suis placé sur le bord de la route, à côté d’une horde de lycéennes surexcitées. J’ai dit bonjour au monsieur déguisé en kangourou, qui précédait la parade. J’ai acclamé les champions, comme tout le monde. J’ai applaudi l’hymne australien. Mais je n’ai pas agité de drapeau, faut pas pousser !




13.10.08

Le road trip : plus de photos !

La vie dans le bush, quelques animaux croisés sur les chemins... Trouvez ici toutes les photos du road trip que je n'ai pas postées dans l'article précédent !


Un émeu. On en croise beaucoup.



Les Sturt desert peas, fleurs emblématiques du South Australia

Fuir les mouches, toujours...


Ci-dessous et ci-dessus, les shingle backs, lézards à la langue bleue, totalement inoffensifs. Ci-dessous, deux specimens en train de se faire la cour.


Un feu n'est pas de trop pour nous réchauffer: les nuits sont fraiches (photo: Stef)


Un bearded dragon


Quand on n'a pas de frigo...