26.12.08

Noël, pas en France



Malgré des températures avoisinnant les 30 degrés, malgré les palmiers, malgré l’éloignement de la famille, Noël est arrivé. Avec son cortège de sapins (en plastique), de pères Noël (emmitoufflés) et de foie gras (merci maman). Noël est un business ici aussi, les décorations et promotions fleurissent dans les magasins depuis deux bons mois. Mais l’esprit de la fête est bien présent. Les familles réveillonnent dans le jardin, installent sur le trottoir des bougies dans des sacs en papier. Pour Stef et moi, c’était Christmas brunch : œufs et bacon, pancakes à la crème de marrons et fruits « de saison », mangues, ananas et papaye.


Quant à la messe de minuit, elle reste une tradition pour les anglicans et catholiques. Une bonne samaritaine Néo-zélandaise m’a permis de trouver le chemin de l’église principale de Glenelg. Ce grand bâtiment blanc et rose a fait le plein, même à cette heure avancée. Une chorale emmenée par un pianiste farceur a entonné les « carols » aux airs familiers.

Noël, ce n’est pas si différent ici, même si le cliché des australiennes en bikini sur la plage, parées des bonnets de circonstance, est tenace. Passez de bonnes fêtes.

20.12.08

Une semaine chez les hippies (23 novembre – 01 décembre 2008)

Quel est le moyen le plus sûr d’apprendre à connaître un pays ? Vivre et travailler à la campagne, chez des locaux ! C’est ce que proposent des organismes comme Help Exchange et WWOOF (Willing Workers On Organic Farms). Le principe est simple : en échange de 4 ou 5 heures de travail par jour, des propriétaires de ferme vous hébergent et vous nourrissent. N’importe quel jeune qui veut vivre cette expérience n’a qu’à s’inscrire en ligne pour accéder à la liste des hôtes et les contacter. La plupart des hôtes ont une ferme biologique et vivent selon des principes écologiques. Ceux qui ont eu plusieurs expériences de ce type vous le diront : les hôtes sont toujours de charmants personnages, et très souvent bons cuisiniers. Divers travaux peuvent être demandés : le plus régulièrement jardinage, bricolage, défrichage, garde d’enfants…

J’avais beaucoup entendu parler de ce principe d’échange avant d’arriver en Australie, j’ai donc décidé de franchir le pas et de tenter ma première expérience « d’helper ». Mon choix s’est porté sur une petite famille vivant sur les collines d’Adélaide, parce que Nanie (du road trip) y était et semblait ravie. Ben et Lena vivent sur ce terrain de 6 hectares depuis 7 ans. Leur propriété pentue, une forêt d’eucalyptus, est traversée par une rivière permanente, en contre-bas. L’endroit est très paisible, peuplé de kangourous, koalas et chouettes duveteuses.

Ben et Lena ne sont pas simplement « écolos ». Ils vivent l’écologie, c’est leur mode de vie. Ils ont construit une confortable hutte en torchis, leur électricité est exclusivement solaire, leur eau vient du ciel ou de la rivière. Ils ne jettent que ce qui peut être recyclé, n’utilisent quasiment pas d’emballages, compostent. Leurs toilettes sont sèches : on monte sur une petite plateforme, entourée depuis le sol de ballots de paille, des copeaux de bois servent de chasse d’eau. Lena et Ben sont végétariens, aiment manger, et les plats de Lena sont savoureux (tartes, gratins, fromage et miel maison, pains spéciaux, gâteaux et pleins de trucs dont j’ignorai l’existence). Ils pratiquent le yoga. Ben travaille à domicile comme agent d’immigration, mais doit se rendre en ville régulièrement. Le seul vice du couple est une vieille 4x4 Subaru. Avoir une voiture reste indispensable à la campagne.


Ben et Lena ont un fils de deux ans, Elwyn, très éveillé pour son âge, adorable bien qu’envahissant. Il commence à parler et à comprendre ce qu’on lui dit, c’est donc un vrai challenge pour Nanie et moi de parler assez bien anglais pour être compris de lui. On y arrive finalement… il réclame qu’on lui lise des histoires, qu’on lui chante des comptines. Je lui ai appris une nouvelle phrase fort utile : « Bye-bye little dog, have a good day !».

Nos tâches de la semaine sont variées : défrichage pour éviter la propagation d’un éventuel feu de broussailles, creusée d’une tranchée ou passera l’eau de la rivière, terrassage du site d’une maison à venir (avec une chambre en plus), extraction du miel des ruches, cuisine, vaisselle, emmener le petit promener. Bref, nous rendons service plus que nous comptons nos heures. Nous dormons dans une caravane.


Nous occupons notre temps libre à lire, à aller se baigner à la rivière, à chercher les koalas dans les arbres. Ils sont faciles à reperer quand ils poussent leur cri rauque, proche du hi-han d’un âne (véridique).

Samedi soir, Ben et Lena invitent leurs amis des environs, tous des couples trentenaires avec un ou deux enfants en bas âge. Dans la hutte, ça fait beaucoup de hippies au mètre carré. Entre deux bouchées de gâteau à la carotte, ils discutent de leur projet de créer une communauté, où ils vivraient en harmonie avec la nature, se donneraient des coups de main, partageraient les fruits de leur verger, verraient leurs enfants grandir ensemble… Le frère de Ben est enthousiaste, d’autres notent que la plupart des communautés de ce type ont échoué au bout de deux ou trois ans.

Même sans se rassembler en communautés, il est certainement possible de reproduire à plus grande échelle ce que Lena et Ben ont fait sur leurs quelques hectares. Le retour à la vie simple, voilà leur idée révolutionnaire. J’espère renouveller l'expérience Helpx pour voir comment d'autres s'en sortent. Je suis en tout cas ravi du principe de cet échange, sans argent impliqué, ça me plaît beaucoup. Et il n'y a même pas besoin de venir jusqu'en Australie pour en profiter : Help Exchange existe en France et en Europe !

6.12.08

J'ai vu le film Australia

Critique publiée sur mon blog cinéma 7ème mirage.

Film américain, australien réalisé par Baz Luhrmann, avec Nicole Kidman, Hugh Jackman, Brandon Walters… 2h35. Sortie française le 24 Décembre 2008.

Sarah Ashley est une aristocrate britannique peu enthousiaste à l’idée de rejoindre son mari en colonie australienne. Alors que la Seconde Guerre mondiale est sur le point d’éclater en Europe, elle fait le voyage jusqu’à Darwin, dans le Territoire du Nord, pour trouver son conjoint mort. Elle s’improvise « Miss Boss » de l’exploitation bétaillère familiale. Pour éviter la faillite du ranch, elle doit mener 2000 têtes de bétail jusqu'à Darwin, la capitale du Nord australien. Elle ne peut accomplir cette tâche périlleuse sans l'aide d'un cow boy du cru et de ses accolytes aborigènes.

Australia est certes étiqueté film épique à gros budget, avec stars à l'affiche et enjeux touristiques à la clé. Mais avec Baz Luhrmann aux commandes (Moulin Rouge), on pouvait s'attendre à ce brin de folie et de créativité qui peut faire décoller les blockbusters, à la manière du Harry Potter d'Alfonso Cuaron ou du Batman de Tim Burton. Dans la première partie du film, la patte de Baz est bien là, qui enchaîne les plans et les péripéties avec rythme et fantaisie. Les coquins Kidman et Jackman ont l'air d'aimer ça et jouent à fond la carte du second degré, poussant leurs personnages d'aristocrate farouche et de bushman bourru aux limites de la caricature. La scène de douche sauvage d'Hugh Jackman est un grand moment d'auto-dérision.

Hélas, ce ton léger ne prédomine pas dans la suite du film, encombrée de passages obligés lassants. Même avec une durée de 2h35, Australia peine à être satisfaisant sur tous les plans. La portée historique de l'évocation des "générations volées" (ces enfants aborigènes enlevés à leurs familles pour recevoir une éducation "civilisée"), est étouffée par les explosions des bombardements japonais sur Darwin. L'histoire récente de l'Australie est suffisamment riche et méconnue : situer l'action en temps de guerre n'était surement pas nécessaire. Un film divertissant, à défaut d'être vraiment intéressant.

2.12.08

French Festival d'Adélaide (15-16 Novembre 2008)

Article initialement publié dans Le courrier australien, revue des francophones d'Australie, numéro de Janvier 2009.


Un festival provençal... austral !

La ville d’Adélaide, en Australie Méridionale, accueillait à la mi novembre son festival français. Environ 8 000 Australiens francophiles se sont rassemblés autour de « la Provence », thème mis à l’honneur cette année.



Franc soleil, ciel bleu vif et vent persistant : le printemps australien avait tout d’un été provençal. Il faut dire que l’Australie du Sud a un climat méditerranéen largement comparable à celui de la Riviera française. C’est la région la plus aride d’Australie, où poussent vignes, oliviers et lavande. Du fait de cette proximité naturelle, l’Alliance française d’Adélaïde a choisi de faire découvrir la Provence aux australiens. « 85 % des visiteurs sont des australiens francophiles et les 15 % restants sont des francophones, qui viennent spécialement pour l’occasion », observe Rebecca, au stand de l’Alliance. « Les visiteurs sont ravis !».


Dans les allées du parc surplombant la ville, qui accueille la manifestation, l’ambiance est résolument franco-australienne. Certains se concentrent autour du terrain de pétanque, sport finalement pas si éloigné du « bowling » australien. Des artistes provençaux ont fait le déplacement, notamment la troupe Niçoise de « la Divine Quincaillerie », qui promène ses marionnettes humaines au milieu des badauds. Sur scène, les Arlésiens de « Gérard et les stars trio » enchantent le public, qu’il se préoccupe de comprendre les paroles… ou juste de danser en rythme. On déguste deux rosés, « un d’ici-bas et un d’en haut ! ». Il n’est évidemment pas question de choisir lequel est le meilleur.


Beaucoup de visiteurs sont venus assister aux démonstrations de cuisine, données par des chefs tricolores. Jean Montagnard, professeur à l’école hôtelière de Nice et spécialiste de la cuisine végétarienne, est l’invité du festival. Alors qu’il fait découvrir la soupe aux pistous aux palais australiens, le chef Nîmois Jean-François Gavanon distille des anecdotes gastronomiques et explique les traditions culinaires provençales. Installé à Adélaïde depuis douze ans, il ne perds pas son accent français quand il parle anglais… ni son accent du sud quand il parle français ! Entre deux plats, il nous explique que « les Australiens connaissent peu la vraie cuisine française, spécialement celle du sud, mais ils sont de très bons juges ». Les artichauts à la Barigoule sont vite engloutis.


Cette chaleureuse ambiance suscite des idées de voyage. Les stands touristiques remportent un beau succès. Les étudiants australiens se renseignent sur les possibilités d’échanges dans des familles françaises. « il y a de plus en plus d’échanges dans le sud de la France, à Aix par exemple, alors que les demandes se concentraient essentiellement sur Paris auparavant », explique Vinciane, qui travaille pour un organisme spécialisé. La Provence peut donc s’attendre à un défilé de visiteurs sud australiens l’été prochain. Le taux de change entre l’euro et le dollar australien est pourtant plus profitable aux Provençaux qui voudraient découvrir leur région sœur australienne.