

Toute l’eau du ciel tombe sur la voiture durant la nuit, je ne regrette pas ma tente. Le climat Tasman est océanique, il pleut un jour sur trois. La Tasmanie est le plus petit des sept États australiens. Les Australiens continentaux se moquent un peu des Tasmans, disant qu’ils sont consanguins et qu’ils ont parfois deux têtes, mais c’est faux bien sûr. Moins d’un demi million de personnes vivent sur cette île où on ne transige pas avec la préservation de l’environnement. C’est ici que sont nés les Verts Australiens, dans la Franklin River.

A la bibliothèque de Launceston, je retrouve une amie de Sciences Po, étudiante à Sydney, qui va m’accompagner dans la première partie du trip, vers le sud en passant par les montagnes. Mélissa est une vraie citadine, et en sa compagnie je me rappelle que la vie des routes et des forêts ne va pas de soi. Beaucoup de fous rires en perspective. Je lui apporte ma connaissance (exponentielle) de la faune locale. Elle m’apporte l’éponge, la semoule et le milk shake, améliorant sensiblement mon quotidien jusqu’ici fait de pâtes, de riz et de vaisselle au doigt. Au volant, elle est Starsky, je suis Hutch.


Notre première destination est Cradle Mountain, icône locale, nichée dans un ensemble de parcs classés au patrimoine mondial naturel. La route qui nous y mène est de toute beauté, des nuages bas rayent les montagnes. Nous trouvons un petit Conservation park moussu où passer la nuit. Dans son arbre, un possum bien gras nous observe. Le possum, c’est encore un marsupial tordant, croisement d’un chat et d’un écureuil, qui vit en ville comme dans le bush.

Nous voilà au bord de Dove Lake, le miroir dans lequel se reflète la fameuse montagne ciselée. Nous entamons l’ascension de Hawson Peak, la pente est raide et on s’accroche à des chaînes pour grimper. Très vite, le point de vue est époustouflant, il y a des lacs de tous les cotés. On s’engage sur face track, le chemin qui souligne la montagne. Mélissa m’attend à un croisement en bouquinant, tandis que je vais voir à quoi ressemble le chemin vers le sommet. Et là, c’est le drame. Malentendu, nous nous croisons sans nous voir. On se retrouve quelques heures plus tard sur le parking, non sans avoir mis à contribution les nombreux marcheurs croisés, y compris un espèce de Français qui trouve très drôle que je cherche une blonde perdue dans la montagne.

Nous explorons durant les jours suivants la côte ouest, notamment les gigantesques Henty dunes, 30 kilomètres de sable brûlant. A Strahan, petit port sympathique, nous sommes mis à contribution dans une pièce de théâtre pittoresque, « The ship that never was », qui met en scène une évasion de forçats tasmans vers le Chili. On me donne le rôle du grand père, et Mélissa incarne un chat avec conviction. Ça nous change de Molière.





Le soleil nous revient à Hobart, la charmante capitale de l’Etat, où se déroule le Wooden Boat festival. 500 bateaux de bois sont rassemblés dans le port, les fanions flottent au vent, ambiance familiale. Nous prenons la route vers Cockle Creek, l’extrême sud de la Tasmanie et donc de l’Australie. Une marche vers South Cape Bay nous mène sur des falaises noires, sur lesquelles les vagues turquoises viennent s’écraser. Un orage passe au large, c’est le spectacle. Nous campons deux nuits sous un arbre géant, avec les wallabies miniature locaux appelés Pademelons.



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