2.5.09

Sous le long nuage blanc

Nouvelle-Zélande, première partie (11-22 avril)
Arriver en Nouvelle-Zélande par les airs, c’est d’abord comprendre pourquoi les Maoris ont appelé cette terre « Aotearoa », le pays du long nuage blanc. Pour rejoindre Christchurch, la ville principale de l’île Sud, je survole des crêtes rivalisant de blancheur avec leurs écharpes de vapeur. Puis, suspendues aux montagnes, ce sont les vallées interminables, creusées par les glaciers et les cours d’eau. Ces paysages sont ceux qu’on peut rencontrer dans la partie sud du pays. L’île Sud est réputée spectaculaire, avec ses sommets omniprésents, et sauvage, trois quart des 4 millions de Néo-Zélandais vivant dans l’île Nord. Vacances de mi-semestre, j’ai 17 jours pour faire le tour de l’île. Pas assez pour la découvrir en profondeur, mais suffisamment pour capter l’atmosphère – humide – de cet écrin minéral et végétal.

Je débarque donc à Christchurch, ville sœur d’Adélaïde (elles ont été planifiées et conçues de la même manière). Parcs parés des rouges et des jaunes de saison, architectures oscillant entre l’ancien et le moderne, rues piétonnes. Sur le Cathedral Square, centre de la ville, des joueurs d’échecs s’affrontent en public. La ville est tranquille, c’est le weekend de Pâques, et la cathédrale accueille en son balcon les chœur et orchestre de la ville pour une célébration rayonnante.

Je prends un bus pour Picton, au nord de l’île, où je rejoins Anne et Carlo, deux Allemands avec qui j’ai pris contact sur Gum Tree. Ils ont passé un mois dans l’île Nord et cherchent un compagnon pour la suite du voyage. Ils louent un petit camping car, douche incluse, le luxe quoi. Mais bon, le prix est très raisonnable et c’est un diesel, donc c’est parti. Anne et Carlo sont sympathiques, mais pas habitués à aller crapahuter dans les parcs nationaux… ce qui est mon principal projet ! Ils recherchent « l’aventure », des expériences fortes… qu’ils trouvent principalement dans des activités organisées, chute libre, jet boat, bain de boue (!). L’industrie touristique est en expansion, ces attractions sont promues à grands frais et font le plein. Je convertis peu à peu mes compères aux joies de la randonnée, qui seule permet de fuir les cars de Chinois et les vans de fêtards pour apprécier en toute sérénité un patrimoine naturel époustouflant, photogénique à outrance. Revue, en image donc, des lieux visités.


L’Abel Tasman National Park est un parc côtier situé au Nord de l’île, connu pour ses plages et ses îlots. Nous suivons la marche côtière à travers bois puis revenons par la plage alors que le soleil se couche et que les montagnes se teintent de violet. Des hérons et des cormorans font mine de ne pas nous voir.

Changement de décor au Nelson Lakes NP, un peu au Sud à l’intérieur des terres. Nous grimpons vers Mount Robert pour admirer la vue sur le lac Rotoiti, serti d’une impressionnante barrière de montagnes. On trouve un peu de neige au sommet. Un hélicoptère effectue des rotations au dessus de nos têtes, charriant de la terre pour redessiner le chemin. Cette marche va bientôt faire partie des « Great Walks », un ensemble de grandes randonnées populaires et garanties sans mauvaises surprises. Le nombre croissant de marcheurs oblige les autorités à investir dans ces chemins : un mauvais sentier entraine une dégradation de l’environnement, les marcheurs mal chaussés contournant la piste quand elle est boueuse, ce qui crée plus de boue, etc.
Le Kahurangi NP est immense mais assez confidentiel. Une petite dame d’un centre de visiteurs paumé nous indique la route qui mène au départ de la Wangapeka Track. La «dirt road» rétrécit de plus en plus, nous emmène au fond d’une vallée bordée de gigantesques murailles montagneuses. Le chemin suit la rivière Wangapeka. Nous repérons une grosse truite.

La route de la côte ouest est réputée splendide, et humide. Deux jours de pluie ininterrompue s’abattent sur « Horst », notre camping car. La mer est déchainée, des cascades spontanées dévalent sur le bord des routes. Que d’eau ! La Nouvelle-Zélande, surtout comparée à l’Australie, c’est un festival aquatique, l’eau sous toutes ses formes : neige, glace, nuages et brumes, fougères ruisselantes, mousses imbibées, embruns, pluie, torrents, fleuves gonflés, c’en est presque fatiguant. Nous apprenons que la route qui mène aux glaciers est coupée, « washed out » à cause de la pluie. Nous attendons une demi-journée à Hokitika, la route est à nouveau ouverte sur une voie, et nous constatons qu’un morceau s’est effectivement effondré.

Franz Joseph Glacier. Le premier des deux glaciers iconiques de l’île Sud. Nous nous embarquons dans une marche assez épique, sur le pan de montagne qui flanque le glacier. Nous franchissons en tout 43 cours d’eau, du fleuve au ruisseau, la plupart spontanés, faisant suite aux pluies. Parfois c’est le chemin qui se transforme en rivière, ou l’inverse, on ne sait pas trop. Après trois heures de grimpette, la vue sur le glacier est imprenable. Puis il faut revenir en sens inverse (oui, c’est là qu’on a compté, 43).













Le Fox Glacier est assez différent de son jumeau. La paroi rocheuse vertigineuse qui le borde lui vole presque la vedette. Nous nous rendons au pied du glacier, d’où s’écoule un torrent charriant de gros glaçons. Carlo et Anne vont carrément toucher le glacier, ce qui est assez idiot, puisque c’est à cet endroit que la glace fond, parfois se détachant en pans entiers. Mais bon, c’est « l’aventure ».
Wanaka est une ville assez charmante, sise au bord d'un lac majestueux. Nous y faisons une pause de deux jours. C’est l’occasion d’aller voir un film au « Cinema Paradiso », assez original puisque les sièges sont des canapés de recup'. Il y a même une voiture dans la salle. Wicked !


La Pisa Conservation Area est juste un stop sur la route vers Queenstown, mais au bout d’une heure de marche nous sommes au sommet de Rock Peak, comme au milieu de nulle part. Ambiance rocailleuse et herbes séchées, montagnes à perte de vue, grand silence et faucons qui tournoient . Ca y est, je suis Légolas. Bon, ok, je suis un hobbit bondissant.

Queenstown est une ville bétonnée très laide, peuplée de jeunes gens effrayants et autoproclamée « capitale de l’adrénaline ». Anne et Carlo veulent y passer quatre jours pour faire la fête, je comprends qu’il est temps qu’on se sépare. Mon projet est de faire la Kepler track, une randonnée alpine de trois jours, dont le départ se situe à Te Anau. Mes Allemands me déposent sur place, on se dit tschuss, je prépare mon sac dans une auberge de jeunesse de la ville en discutant avec… trois Allemandes. Promis, je vais essayer de rencontrer quelques « locaux ».

...à suivre

5 commentaires:

Unknown a dit…

Deux choses m'émeuvent :
1) te savoir marchant sur le même sentier que moi au lac Rotoiti
2) te contempler dans l'indétrônable sweatshirt JMJ
Bel article, vivement la suite :-)

Nanie a dit…

Sans oublier la coupe de cheveu qui apparement n'a pas changer !!!

Unknown a dit…

Si c'est pas mignon comme on se regroupe dans les commentaires de nos blogs =D Bon à quand un roadtrip en Europe les enfants !! ;-p

Anonyme a dit…

Salut Benoît!
Je viens de passer une partie de ma soirée à regarder ton blog, très sympa à parcourir. Je vois que tu arrives à faire des voyages d'envergure, j'espère réussir à me bouger autant que toi!
mention spéciale pour tes photos, généralement très belles, avec de jolies lumières! tu as un réflexe j'imagine? Dans le cas contraire, ça me laisse de l'espoir avec mon petit caméscope! :)
a+
Yann

Benoît a dit…

Non, j'ai un bête compact numérique ! Disons que je garde mes meilleures photos pour le blog ;)