20.12.08

Une semaine chez les hippies (23 novembre – 01 décembre 2008)

Quel est le moyen le plus sûr d’apprendre à connaître un pays ? Vivre et travailler à la campagne, chez des locaux ! C’est ce que proposent des organismes comme Help Exchange et WWOOF (Willing Workers On Organic Farms). Le principe est simple : en échange de 4 ou 5 heures de travail par jour, des propriétaires de ferme vous hébergent et vous nourrissent. N’importe quel jeune qui veut vivre cette expérience n’a qu’à s’inscrire en ligne pour accéder à la liste des hôtes et les contacter. La plupart des hôtes ont une ferme biologique et vivent selon des principes écologiques. Ceux qui ont eu plusieurs expériences de ce type vous le diront : les hôtes sont toujours de charmants personnages, et très souvent bons cuisiniers. Divers travaux peuvent être demandés : le plus régulièrement jardinage, bricolage, défrichage, garde d’enfants…

J’avais beaucoup entendu parler de ce principe d’échange avant d’arriver en Australie, j’ai donc décidé de franchir le pas et de tenter ma première expérience « d’helper ». Mon choix s’est porté sur une petite famille vivant sur les collines d’Adélaide, parce que Nanie (du road trip) y était et semblait ravie. Ben et Lena vivent sur ce terrain de 6 hectares depuis 7 ans. Leur propriété pentue, une forêt d’eucalyptus, est traversée par une rivière permanente, en contre-bas. L’endroit est très paisible, peuplé de kangourous, koalas et chouettes duveteuses.

Ben et Lena ne sont pas simplement « écolos ». Ils vivent l’écologie, c’est leur mode de vie. Ils ont construit une confortable hutte en torchis, leur électricité est exclusivement solaire, leur eau vient du ciel ou de la rivière. Ils ne jettent que ce qui peut être recyclé, n’utilisent quasiment pas d’emballages, compostent. Leurs toilettes sont sèches : on monte sur une petite plateforme, entourée depuis le sol de ballots de paille, des copeaux de bois servent de chasse d’eau. Lena et Ben sont végétariens, aiment manger, et les plats de Lena sont savoureux (tartes, gratins, fromage et miel maison, pains spéciaux, gâteaux et pleins de trucs dont j’ignorai l’existence). Ils pratiquent le yoga. Ben travaille à domicile comme agent d’immigration, mais doit se rendre en ville régulièrement. Le seul vice du couple est une vieille 4x4 Subaru. Avoir une voiture reste indispensable à la campagne.


Ben et Lena ont un fils de deux ans, Elwyn, très éveillé pour son âge, adorable bien qu’envahissant. Il commence à parler et à comprendre ce qu’on lui dit, c’est donc un vrai challenge pour Nanie et moi de parler assez bien anglais pour être compris de lui. On y arrive finalement… il réclame qu’on lui lise des histoires, qu’on lui chante des comptines. Je lui ai appris une nouvelle phrase fort utile : « Bye-bye little dog, have a good day !».

Nos tâches de la semaine sont variées : défrichage pour éviter la propagation d’un éventuel feu de broussailles, creusée d’une tranchée ou passera l’eau de la rivière, terrassage du site d’une maison à venir (avec une chambre en plus), extraction du miel des ruches, cuisine, vaisselle, emmener le petit promener. Bref, nous rendons service plus que nous comptons nos heures. Nous dormons dans une caravane.


Nous occupons notre temps libre à lire, à aller se baigner à la rivière, à chercher les koalas dans les arbres. Ils sont faciles à reperer quand ils poussent leur cri rauque, proche du hi-han d’un âne (véridique).

Samedi soir, Ben et Lena invitent leurs amis des environs, tous des couples trentenaires avec un ou deux enfants en bas âge. Dans la hutte, ça fait beaucoup de hippies au mètre carré. Entre deux bouchées de gâteau à la carotte, ils discutent de leur projet de créer une communauté, où ils vivraient en harmonie avec la nature, se donneraient des coups de main, partageraient les fruits de leur verger, verraient leurs enfants grandir ensemble… Le frère de Ben est enthousiaste, d’autres notent que la plupart des communautés de ce type ont échoué au bout de deux ou trois ans.

Même sans se rassembler en communautés, il est certainement possible de reproduire à plus grande échelle ce que Lena et Ben ont fait sur leurs quelques hectares. Le retour à la vie simple, voilà leur idée révolutionnaire. J’espère renouveller l'expérience Helpx pour voir comment d'autres s'en sortent. Je suis en tout cas ravi du principe de cet échange, sans argent impliqué, ça me plaît beaucoup. Et il n'y a même pas besoin de venir jusqu'en Australie pour en profiter : Help Exchange existe en France et en Europe !

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