12.10.08

Road trip dans les Flinders Ranges (19 Septembre – 03 Octobre 2008)

Stef, Nanie, Emilie et moi : la fine équipe du road trip !

Quatre heures de bus, un peu de stop, et me voici à la bibliothèque de Quorn, une ville paumée dans l’outback, l’arrière pays. Pour mes deux semaines de mid-semester break, j’ai rejoint Stef et Emilie pour un road trip dans les Flinders Ranges. La formation de cette chaîne de montagnes emblématique du South Australia s’est étendue sur 900 millions d’années. Le jeu des plaques tectoniques a dressé à la verticale les couches sédimentaires accumulées par le temps et par l’océan qui autrefois recouvrait ces terres. L’érosion a fait le reste, si bien que les reliefs qui s’offrent à nous sont spectaculaires, en dents de scie, rayés de couleurs allant du sable au rouge en passant par l’ocre.


La chaîne de montagnes s’étend sur 480 kilomètres de long, depuis la côte jusque loin dans l’intérieur des terres. Au cours des 15 jours passés ici, nous remontons les Flinders vers le nord en prenant notre temps.

Pendant la première partie du roadtrip, nous sommes accompagnés par Nanie, une française de 25 ans, en Australie depuis 7 mois, jusque là animatrice à Melbourne, et qui entame la partie touristique de son séjour. Férue d’escalade, elle ne résiste pas à l’envie de grimper à un pan rocheux durant une de nos marches dans une gorge. Elle nous fait une belle frayeur en chutant dans la descente. Plus de peur que de mal, heureusement.



A Warren Gorge, où je passe ma première nuit australienne sous tente, nous observons une espèce rare de wallabies: les Yellow-footed Rock-wallabies. Comme leur nom l’indique, ils ont les pattes jaunes ainsi que leur queue rayée très caractéristique. Les wallabies, pour simplifier, sont plus petits que les kangourous. Mesurant 60 cm pour une dizaine de kilos, les Yellow-foot sont menacés d’extinction. Le sport favoris des colons était de les tirer au fusil, avant que l’espèce soit protégée en 1912. Il en reste aujourd’hui environ 8000 dans les Flinders, et je me sens privilégié de pouvoir les observer sauter de rocher en rocher, avant la tombée de la nuit. En ce début de printemps, le crépuscule pointe dès 18 heures.


Un Yellow-Footed Rock-wallaby

Nanie et moi sommes les « lifteurs » de l’équipe, ceux qui profitent de la voiture le jour… et dorment sous tente la nuit. Stef et Emilie ont quant a elles un bon matelas qu’elles étendent a l’arrière de leur vieille Ford Falcon bleu poussière.

Dormir sous la tente a un avantage: on entend la vie sauvage reprendre ses droits quand le soleil se couche. Notamment, les bonds sourds sont caractéristiques des kangourous qui viennent visiter notre lieu de camp. L’inconvénient, c’est que parfois la vie sauvage s’invite à l’intérieur de la tente. Un matin, nous découvrons avec effroi un scolopendre se faufilant sur la tapis de sol. Ca ressemble à un mille-pattes, mais ça mord :D.





L’autre avantage des nuits sous tente, c’est de pouvoir regarder les étoiles avant de s’endormir, à travers la moustiquaire, quand on oublie de mettre le double toit. Il faut dire que le ciel est magnifique dans l’outback. Les étoiles semblent plus basses tant elles brillent, la voie lactée fait une longue trainée de poussière blanche, la lune est un croissant qui pointe vers le haut, comme un sourire. Rien à voir avec un ciel français.

Dommage pour moi, la nuit du dimanche 21 septembre couve également un orage qui vient me tremper à 4 heures (il est beau le scout !). Nanie, elle, n’a pas oublié son double-toit. Nous finissons la nuit en jouant à la crapette.

Mes affaires sèchent après l'orage

Nos randonnées de la semaine gravitent autour de Wilpena Pound, centre névralgique du Flinders Ranges National Park. La Pound est une sorte de cratère de 15km de large formé par l’érosion. De très belles marches nous conduisent au sommet du Mount Ohlssen qui surplombe cet amphithéâtre naturel, puis le lendemain à l’intérieur de la Pound, peuplée de kangourous et de buissons secs qui griffent les jambes.


C’est aussi à Wilpena Pound que je découvre l’industrie touristique australienne dans tous ses excès. Un resort de logements tout-confort et un immense camping s’étalent au bord du cratère. Les flots de touristes-mangeurs-de-glaces sont particulièrement impressionnants lors de ces vacances scolaires. En plein parc national, un espace censé être préservé, tout ce business est assez choquant. A notre retour dans les Flinders, nous constaterons qu’une bonne partie des routes du parc a été bitumée en quelques jours.

Le dimanche 28 septembre, nous laissons Nanie retourner à Melbourne où elle doit rejoindre des amis pour un tour express de l’Australie. On s’est promis de se retrouver à Adelaide pour une semaine gastronomique entre frenchies (et comme elle a des origines italiennes, ça promet). Je me retrouve donc avec Emilie et Stef pour une deuxième semaine vers le Gammon Ranges National Park, la partie Nord des Flinders. La différence de paysages est frappante : les Gammon Ranges sont moins vertes, plus arides, plus rocailleuses encore que le sud des Flinders.


Après un burger au kangourou, une nuit au bord d’un lac artificiel et un ravitaillement en nourriture à Leigh Creek, nous nous installons dans un « coin camping » bien paumé. Je comprends ensuite que c’est toute la région qui est paumée : on ne croise pas grand monde durant nos trois jours de rando.

Les paysages sont pourtant superbes. La force des éléments est palpable dans ces immenses vallées offrant une palette de couleurs de roche impressionnante. Côté wildlife, les Gammon ne sont pas en reste : je croise deux échidnés lors d’une longue marche avec Stef. Leur façon de se mouvoir est comique. L’un d’eux que nous surprenons dans le lit d’une rivière se hisse avec peine dans des roseaux denses pour échapper à notre vue.

Un échidné !

Notre retour dans le sud des Flinders se fait sans encombres, ou presque. Nous croisons sur la route deux serpents, ce qui est plutôt rare. Nous savons les serpents omniprésents, mais ils se cachent à l’approche des hommes. Ces deux là sont probablement des brown snakes, une espèce mortelle (comme quasiment tous les serpents australiens).


Un serpent croisé au détour d'une route (photo: Stef)

Stef conclu que les serpents sont de sortie, ce qui me rassure moyennement pour la nuit suivante. Nous annulons la marche du lendemain car le ciel se fait menaçant et on ne veut pas risquer l’embourbement au retour.

Non, cette photo n'est pas truquée ! Ciel étrange

Stef et Emilie décident de me ramener à Adelaide plutôt que de continuer le roadtrip. Elles vont s’installer pour deux mois en ville, histoire de renflouer les caisses. Nous passons une nuit à Chambers Gorge, où se trouvent les plus blles gravures aborigènes du parc. Les Adnyamathanha (« gens des collines ») sont les premiers habitants des Flinders. On estime que certaines de ces gravures ont 40 000 ans.

Ainsi s’achèvent les vacances qui ont beaucoup changé ma vision de l’Australie. Ce mode de voyage me plait, je pense que je vais l’adopter pour mes trois mois de vacances estivales qui s‘annoncent pour début décembre !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca va etre tres bon la semaine gastronomique et justement grace a mes origines italiennes !!!!

Benoît a dit…

Oui Nanie, c'est bien ce que je voulais dire !!! I can't wait for your fresh gnocchies !